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Entretiens 2013 / Assises, Financer l'info

Pour financer l’information « il faut du courage »

Michel Danthe, rédacteur en chef adjoint et responsable du numérique au quotidien suisse Le Temps, a participé à la conférence « comment financer l’information ? ». Selon lui, il faudrait une bonne dose de courage pour y parvenir.

Michel Danthe - Rédacteur en chef adjoint à Le Temps - Comment financer l'information? / Guillaume Oblet

Michel Danthe – Rédacteur en chef adjoint à Le Temps / Guillaume Oblet

C’est quoi le courage dans le financement de l’information ?

Le courage c’est de dire « l’actualité sur le web a un prix ». Alors que l’information est de plus en plus pollinisée gratuitement un peu partout dans le monde, il faut pouvoir dire aux consommateurs « vous financez la qualité ». Je ne dis pas que les gratuits sont mauvais ou moins bien, mais ils peuvent vite être rattrapés par ceux qui rendent sa publication gratuite (c’est à dire les annonceurs, ndlr). Le financement par le lecteur favorise une meilleure indépendance. En 2011, Le Temps est passé au « paywall » (abonnement payant ndlr.). On nous prédisait une fin rapide. Il y a bien eu ce que j’appelle un « choc thermique ». Nous sommes passés de 135 000 utilisateurs uniques à 87 000. Mais très rapidement la courbe est remontée à 178 000 lecteurs uniques par mois. La publicité sur internet rapporte encore beaucoup moins que celle sur papier. Il faut donc avoir le courage de dire « l’information va être monétisée ».

Le Paywall est donc une bonne solution pour financer la presse ?

Il faut faire attention à la manière de l’utiliser. L’exemple de La Tribune a été abordé lors de la conférence. Ce quotidien est passé au tout numérique payant d’un coup et ça n’a pas fonctionné. Le « paywall » permet de faire du buisiness mais permet aussi d’influencer sur le contenu. Les journalistes ont moins d’état d’âme à faire le job quand ils savent que leur travail est accessible seulement après paiement. Il faut aussi garder à l’esprit qu’une information, qu’elle soit sur le « print » ou sur internet, vaut la même chose donc pourquoi ne pas la faire payer ? Maintenant avec le web, il est même possible de donner encore plus de valeurs ajoutées à un contenu avec du son, des vidéos, des infographies… C’est l’avenir. Si on rate ce train, on va perdre de la compétitivité par rapport à d’autres sites. Les changements doivent se faire progressivement pour ne pas reproduire les erreurs de La Tribune.

En France, la presse peut toucher des subventions de l’État, comment voyez-vous cela depuis les berges du Lac Léman?

J’ai appris ça à la conférence ! En Suisse, il y a aussi une aide, mais vraiment moindre. Nous sommes très loin des millions annoncés au cours du débat. Un modèle économique ne peut pas se baser sur des subventions, encore moins étatiques. L’entreprise de presse peut dans ce cas-là être victime d’un assujettissement, plus ou moins fort. Je suis d’autant plus opposé à ce genre de pratiques car quand il y a subventions, les secteurs aidés ont tendance à moins innover et à se reposer sur leurs acquis. Innover favorise le développement économique. Si on regarde bien, ce sont dans les pays où la presse est la moins subventionnée, comme la Grande-Bretagne par exemple, que les innovations sont les plus fortes.

 

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